- mortellement
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• 1380; mortelement v. 1155; de mortel1 ♦ Par un coup mortel (cf. À mort). « grièvement, mais non mortellement blessé » (Diderot ).2 ♦ D'une façon intense, extrême. « Il était mortellement pâle » (Vigny). — « La journée avait été mortellement ennuyeuse » (Alain-Fournier)(cf. À mourir). — En vouloir mortellement à qqn, jusqu'à souhaiter sa mort.mortellementadv.d1./d à mort. Blesser mortellement.d2./d Fig. Extrêmement. être mortellement inquiet.⇒MORTELLEMENT, adv.À mort.A. — D'une manière qui provoque la mort. Mme de Rênal n'était pas blessée mortellement (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.451). L'administrateur Noumira (...) trouva le moyen de se faire bousculer mortellement par les hippopotames (GIDE, Retour Tchad, 1928, p.868).— RELIG. CATH. Pécher mortellement. Commettre un péché mortel. Celles qui désirent d'accomplir l'oeuvre de chair hors le mariage, bien que l'effet ne s'en suive pas, péchent mortellement (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p.234).B. — P. hyperb. [Avec une valeur intensive]1. D'une façon extrême, intense. Elle s'ennuie mortellement, quand elle n'est pas auprès de toi (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p.89). La branche de seringa me rendait mortellement triste (PROUST, Fugit., 1922, p.612).2. [Dans un rapport d'hostilité] Au point de souhaiter la mort de quelqu'un. Laissez-moi mourir ou je vous haïrai mortellement (CAMUS, Justes, 1950, IV, p.376). Après six mois, ils furent mortellement brouillés (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p.289):• ♦ Ganche lui jeta un trop long regard de commisération (...). Agnès baissa la tête. Elle était humiliée et en voulait mortellement à Ganche de son humiliation.DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p.208.Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. «de manière à entraîner la mort» a) 1155 la mort physique nafré mortelment (WACE, Brut, 12647 ds T.-L.); b) fin XIIIe s. relig. chrét. pechier mortieument (LAURENT, Somme, ms. Chartres, fol. 64 v° ds GDF. Compl.); 2. 1160-74 «au point de souhaiter la mort» haïr mortelment (WACE, Rou, éd. J. Holden, II, 2993); 3. ca 1570 «extrêmement» avoir [qqc.] mortellement odieux (CARLOIX, IV, 7 ds LITTRÉ); 1694 offenser mortellement (Ac.). Dér. de mortel; suff. -ment2. Fréq. abs. littér.:286. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 498, b) 484; XXe s.: a) 374, b) 306.
mortellement [mɔʀtɛlmɑ̃] adv.ÉTYM. 1380; v. 1155, mortelment; de mortel.❖1 De manière à causer la mort. ⇒ Mort (à mort). || Atteint (cit. 1), frappé mortellement (→ Glacer, cit. 19). || Blesser mortellement. Par ext. || Mortellement pâle. Par exagér. || Épouvanter (cit. 3) mortellement qqn. || Mortellement jaloux (cit. 27). Spécialt. Relig. || Pécher mortellement.1 (…) ils se rencontrèrent derrière les jardins de la belle veuve, se battirent, et le rival de Desglands demeura étendu sur la place, grièvement, mais non mortellement blessé.Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 719.2 En souhaitant la mort. || Haïr mortellement (au fig., extrêmement; → Haïr, cit. 30).3 D'une façon intense, extrême. || Mortellement ennuyeux. ⇒ Extrêmement. || Il nous a ennuyés, fatigués mortellement. ⇒ Beaucoup.2 Il était mortellement pâle, et une sueur froide ruisselait sur son front.A. de Vigny, Cinq-Mars, XII.3 La journée avait été mortellement ennuyeuse.Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, I, III.
Encyclopédie Universelle. 2012.